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Fédération SUD Commerces et Services

Syndicalisme : « Il faut mettre les gens en relation pour qu’ils voient qu’ils peuvent agir »

Laurent Degousée est codélégué de la fédération SUD Commerces et Services, et participe aux mobilisations des livreurs de plateformes.

Face aux grandes entreprises, les revendications doivent-elles se porter à l’international ?
J’étais présent en Belgique en octobre, lorsque la Fédération transnationale des coursiers a été fondée et c’était intéressant de rencontrer nos voisins. Aussi parce que le fait syndical n’est pas appréhendé de la même manière en fonction des pays. Les Allemands ne sont pas loin d’avoir une convention collective pour les livreurs de plateformes par exemple, quand nous, en France, on est coincés entre des décisions dans les tribunaux et des grèves qui sont de plus en plus importantes, mais on n’a toujours pas de convention collective. S’il y a une organisation internationale, c’est pour une raison très simple : nous sommes face à des groupes transnationaux donc la riposte doit l’être également.

Votre syndicat est présent lors des différentes mobilisations. Pourtant, il semble difficile de rallier ces travailleurs. Que pensez-vous pouvoir apporter ?
Ces travailleurs sont jeunes et précaires, et le syndicat est aujourd’hui, pour faire court, un monde de Blancs qui ont un statut et âgés d’une cinquantaine d’années. Donc quand on est un syndicat, on ne vient pas en disant « c’est nul ce que vous faites, vous vous faites exploiter, vous devez être salariés », sinon on se fait envoyer bouler. En janvier 2017, nous avons fait le choix d’ouvrir nos statuts pour y ajouter les travailleurs des plateformes. Nous avons l’ambition d’être utiles car nous avons aussi une certaine expérience. On pense que si les choses peuvent évoluer, ce n’est pas juste avec le droit mais aussi la mobilisation. Et nous en avons l’expérience.

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Face à de nouvelles formes de travail, les syndicats doivent-ils imaginer créer une fédération de la nouvelle économie ?
Oui et non. Je n’aime pas ranger les gens dans des cases, ce n’est pas ma vision du syndicalisme. On a par exemple pu constater précédemment des cas où des salariés de McDo ont rencontré des livreurs et ils se sont mis à discuter ensemble de leurs conditions de travail. Si demain ils se disent « on arrête de faire des burgers » d’un côté et « on arrête de livrer » de l’autre, ce sera doublement plus efficace. Or il faut qu’ils puissent se rencontrer.

C’est aussi à cela que doivent servir les syndicats selon vous ?
Ce qu’il faut, c’est penser un fonctionnement, comme dans l’hôtellerie. On peut imaginer une organisation qui va syndiquer les salariés et les sous-traitants. Le syndicalisme est lié à la révolution industrielle quand, pour la première fois, on a mis une masse ensemble qui a pris conscience de son exploitation et de sa force. Là, dans le cas des livreurs de plateformes, on est dans une forme éclatée, différente de ce qu’on a connu. Il faut donc mettre les gens en relation pour qu’ils voient qu’ils ont la possibilité d’agir. On ne va pas se mentir, aujourd’hui les adhérents autoentrepreneurs, je les compte sur les doigts d’une main au sein de notre syndicat. Mais la colère ne dure qu’un temps et il n’y a que l’organisation syndicale qui peut s’inscrire dans la durée.

Gurvan Kristanadjaja

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Article publié le 7 août 2019


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