Edito du numéro 96 du journal national "Expressions Solidaires" de notre Union syndicale paru le 22 juin 2020.
Ne leur laissons pas nous imposer un retour qui s’annonce cauchemardesque.
La période qui vient de finir n’est en rien banale. Et le retour à la « normale » n’est qu’une illusion.
La responsabilité de la gestion de cette crise devrait être reposée rapidement, loin du satisfecit de Macron et de son gouvernement : pourquoi n’avons-nous pas eu les masques, les tests qui auraient pu limiter ou retarder le confinement, limiter la contagion, mieux protéger ceux et celles qui ont continué à travailler pour nous soigner, faire fonctionner la société, limiter le nombre de décès… ? Pourquoi les hôpitaux publics ont ils été débordés, les places en réanimations insuffisantes, les personnels soignant·es exposé·es sans protection, et épuisé-es vu leur nombre insuffisant ?
Au-delà de la responsabilité politique individuelle et directe des membres de ce gouvernement qui devrait être pénale, c’est bien la politique néolibérale au service du système capitaliste pratiqué depuis des années qui est en cause, ce qui n’efface pas pour autant les responsabilités directes.Lors de ce confinement, on a mesuré les dégâts de la marchandisation de la santé, on a encore une fois compté sur les services publics alors que leur casse est sciemment organisée.
On a vu de manière visible le travail de tous les invisibles et précaires, le plus souvent des femmes, qui ont des salaires de misère et des conditions de travail dégradées et qui pourtant ont assuré la survie de millions de personnes. Il y a aussi ceux et celles qui ont vu leur activité et leurs revenus stoppés nets, et les femmes, les enfants, victimes de violences conjugales et domestiques durant le confinement.
Le désir de vouloir effacer de nos mémoires cette période de confinement, de revenir à la « normale » est compréhensible. Mais les dégâts humains de cette crise sont importants et le resteront après le déconfinement avec un chômage massif et les drames humains qui en résulteront.
Pourtant rien n’est « normal » ou fondamentalement différent dans le monde d’après que veut nous imposer ceux et celles qui restent les principaux acteur.trices et promotteur·trices du capitalisme : discours sur le « travailler plus », discours sur les sacrifices à faire au niveau du droit du travail ou du droit de manifester, et une répression policière encore accentuée.
A la sortie du confinement, il n’est pas anodin que les premières manifestations importantes l’aient été pour demander la régularisation des sans-papiers, contre les violences policières et le racisme. Les quartiers populaires ont dégusté à tous les niveaux dans cette période qui a fait ressortir tous les traits saillants de l’injustice structurelle de notre société : stigmatisation, discrimination, racisme institutionnel... « Black lives matter ! » est devenu le slogan des manifestations partout dans le monde. Déboulonnons les idoles de l’ancien monde, enfin.
Le capitalisme et ses dégâts ne peut s’imposer à terme que par la force, que ce soit par la violence sociale ou la domination des populations les plus précaires.
Dans ce système, la santé et la vie des personnes passent après les profits.
L’hôpital, dépouillé de ses moyens depuis des années, en est le pire exemple dans la période.
Les manifestations pour l’hôpital public le 16 juin, qui l’ont rappelé, ont été un véritable succès et ne sont qu’un premier round ! La transformation sociale, écologique, féministe est plus que jamais fondamentale et d’actualité.
A nous, par nos luttes et notre détermination, de changer la donne ; fondamentalement, l’enjeu est vital !