La crise covid a amplifié la crise sociale. Des millions de personnes viennent de basculer dans la précarité, la pauvreté et l’insécurité au quotidien. Les licenciements s’enchaînent. La réforme de l’assurance chômage qui entrera en vigueur le 1er décembre va elle aussi aggraver la situation.
Il n’est pas admissible de devoir choisir entre manger, payer son logement, sa facture d’électricité, faire le plein, acheter des fournitures scolaires ou prendre les transports, compter chaque euro et être en galère largement avant la fin du mois !
Pour faire face à cette inflation, le gouvernement vient d’annoncer une indemnité exceptionnelle de 100 euros.
De qui se moque-t-on ?
Nous ne voulons pas l’aumône au bon vouloir du gouvernement. Nous voulons sortir de la pauvreté, de la précarité et de l’insécurité sociale du quotidien.
On veut VIVRE !
Et vivre dignement en ayant les moyens de subvenir à nos besoins !
C’est pour cela que notre union revendique 400 euros mensuels de plus immédiatement pour les salaires, les allocations, les minimas sociaux, un plancher minimum de 1700 euros net mensuel et une limitation de l’écart des salaires de 1 à 5, l’accès au RSA pour les 18/25 ans, et l’égalité salariale réelle femmes/hommes avec une revalorisation des métiers à prédominance féminine ! Salaires qui permettent de financer notre Sécurité Sociale.
On nous répète qu’il n’est pas possible de financer les salaires. C’est un mensonge.
Il s’agit de choix de société. Il faut des changements en profondeur et s’en prendre à l’accaparement des richesses par les capitalistes : en 2021, 51 milliards d’euros de dividendes ont été versés aux actionnaires du CAC 40, 100 milliards ont à nouveau disparu dans les paradis fiscaux au lieu de financer nos services publics.
À la crise sociale, aux attaques contre la démocratie et contre les droits des salarié·es, s’ajoute une crise écologique majeure.
Nous ne voulons pas de ce monde là. Notre 8ème congrès l’a rappelé.
Nous devons nous organiser massivement pour le crier et pour porter un projet de société plus juste et plus égalitaire.
Nos revendications sont centrales, mettons les moyens pour les transformer en luttes gagnantes !
page 12 et 13
« PLFSS » : Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale.
Derrière ces 5 lettres, chaque année, l’Etat s’arroge le droit de décider ce que notre « Sécu » doit faire avec notre argent, issu de nos cotisations. Celui-ci est présenté chaque année autour du 15 octobre à l’assemblée nationale.
Derrière ce sont les moyens qui sont impactés : les recrutements, le matériel et les salaires de celles et ceux qui travaillent dans les secteurs de la santé, du médico-social et du social. Après 18 mois d’une crise sanitaire inédite qui n’est pas à ce jour arrivée à son terme, nous étions en droit d’attendre de ce PLFSS qu’il prenne toute la mesure de cette crise et donne des moyens à notre Sécurité sociale à la hauteur de ces enjeux. Or, force est de constater que c’est loin d’être le cas.
La gestion de la crise sanitaire COVID 19 a une nouvelle fois montré à quel point notre système de santé et de protection sociale a été mis à mal par des années de restrictions budgétaires. Pour 2022, l’Objectif National des Dépenses de l’Assurance Maladie (ONDAM) a été fixé à 2,6%, (hors crise sanitaire et Ségur de de la Santé), et il est demandé 4 milliards d’économies quand les professionnel·les du secteur s’accordent pour dire qu’il faudrait au moins 5%, ne serait-ce que pour financer l’existant. C’est une véritable provocation.
En budget « réel », le financement de la Santé baisse !
Des lits risquent encore d’être supprimés malgré les besoins !
Les mesures du« Ségur de la Santé » (la consultation par le gouvernement du monde de la Santé lors de l’Été 2020) sont largement insuffisantes et ne permettront jamais de répondre au besoin criant de personnel, ni au manque d’attraction des métiers nécessaires au bon fonctionnement des services.
Dans ce PLFSS apparaît l’objectif de maîtrise de l’industrie du médicament et notamment sa relocalisation. Cela est légitime mais il ne doit pas consister pas à financer à fonds perdus des multinationales qui, par ailleurs, délocalisent et distribuent de généreux dividendes à leurs actionnaires.
Sans surprise, ce PLFSS s’inscrit dans la continuité des politiques d’austérités des gouvernements successifs. Macron continue la politique d’assistanat du patronat en réduisant les cotisations sociales. Donc moins d’argent dans les caisses de notre Sécurité sociale qui en retour répond de moins en moins à nos besoins.
A l’hôpital public et dans les établissements du sanitaire, du social et du médico-social, il y a surtout urgence à :
Il est de la responsabilité de l’Etat d’assurer l’offre de soins, l’action sociale et sa continuité sur tout le territoire, dans la proximité et l’égalité pour toutes et tous. Cela nécessite des financements à la hauteur des besoins de la population et des nécessaires mesures pour réellement améliorer les conditions de travail et de santé des agent·es et salarié·es dans ces secteurs d’activité.
Au-delà, pour Solidaires, une protection sociale du XXIe siècle doit faire l’objet d’une réflexion approfondie, dans le cadre d’un projet de transformation sociale, dont l’objectif est la redistribution des richesses, la justice sociale.
Partant des besoins de la population, la protection sociale du XXIe siècle s’organiserait autour d’un statut permanent du/de la salarié·e, avec continuité des droits sociaux entre deux emplois.
La question des besoins de la population n’est plus regardée par les gouvernements successifs, seule est prise en compte une logique comptable de la sécurité sociale, dans une vision libérale où la protection sociale n’est regardée qu’au travers du prisme déformé des coûts supportés par l’entreprise et le patronat, qui se sont désengagés de son financement.
Le résultat en est la privatisation rampante de la sécurité sociale via les complémentaires (chacun·e se couvre individuellement) et le développement de la part belle faite au secteur privé : cliniques et hôpitaux privés, EHPAD…
Ce n’est pourtant pas sur le secteur privé que l’on a pu compter pour faire face à la crise sanitaire, mais bien sur le service public de santé.
La sécurité sociale doit être universelle et couvrir les besoins de toutes et tous : chômeurs·euses, travailleurs·euses sans-papiers, et couvrir à 100% les risques encourus (maladie, accidents du travail, maternité, invalidité-handicap, décès, perte d’autonomie…).
L’accès à la protection sociale des plus précaires doit être garanti. Chacun·e doit pouvoir vivre dignement et être soigné·e selon ses besoins en contribuant selon ses moyens. L’accès aux droits est lié au développement des services publics de proximité en matière de santé, perte d’autonomie, petite enfance : implantation d’hôpitaux, d’EHPAD, de crèches, de centres de soins tiers payant, développement de l’aide à la personne…
Les services publics sont facteur de redistribution des richesses !
Le financement de la protection sociale dans ce cadre est possible. Tandis que les exonérations de cotisation sociales des entreprises se sont multipliées, les entreprises du CAC 40, tout en serrant la ceinture de leurs salarié·es, ont continué de verser de juteux dividendes à leurs actionnaires : pas moins de 51 Mds d’euros en 2021 ! De plus en plus, le financement de la sécurité sociale (maladie, perte d’autonomie) est transféré sur les particuliers, salarié·es et retraité·es via la CSG, qui prend une place grandissante.
Dans le même sens, la dette de la sécu issue de la crise sanitaire a été transférée par le gouvernement sur la CADES - caisse d’amortissement de la dette sociale, caisse elle-même financée notamment par de la CSG…
La responsabilité de l’entreprise dans le financement de la protection sociale doit être rétablie. Les cotisations sociales patronales constituent en effet le salaire socialisé des travailleurs·euses.
Les exonérations de cotisations sociales (qui ne sont plus intégralement compensées par l’Etat), doivent être supprimées.
Une politique de l’emploi, qui réduirait le chômage, et qui serait basée sur un statut continué du salarié·e, contribuerait aussi à rétablir le niveau des cotisations sociales.
Enfin, n’est-il pas temps aux salarié·es de reprendre leur dû dans la poche des actionnaires, par une cotisation établie sur les dividendes des actionnaires, stocks-options, participation et intéressement ? Dans la période récente, la répartition entre rémunération du travail et rémunération du capital a continuellement évolué défavorablement au travail. Il faut une nouvelle répartition des richesses !
Démocratie !
Un budget indépendant, une gestion démocratique : il faudra aussi mettre en place une nouvelle démocratie sanitaire et sociale, afin de permettre à la population, aux salarié·es d’avoir leur mot à dire. Ni la gestion par l’Etat ni celle des caisses ne sont aujourd’hui satisfaisantes.
La sécurité sociale est un élément clé des acquis sociaux et de la solidarité.
Elle doit continuer à disposer d’un budget séparé de celui de l’Etat, comme c’était vraiment le cas à sa création.
Dans notre conception, elle doit aussi voir ses choix et orientations, ses dépenses gérées par celles et ceux qui en sont les cotisant·es, les utilisateur·trices… C’est aux usager·es de déterminer les besoins : qu’est-ce qu’un service public de santé de proximité ? quels services et plateaux techniques cela implique-t-il ? Quel périmètre géographique une maternité peut-elle desservir, sans mettre en danger les mères et les nouveaux-nés par de longs trajets ?
De leur côté, les salarié·es doivent pouvoir déterminer, du fait de leur expérience, des ratios de personnels acceptables dans les différentes spécialités, tant pour une prise en charge sécurisée des patient·es et usager·es, que pour garantir des conditions de travail qui ne poussent pas à adopter des organisations sacrificielles.
Service public
Faire du libéralisme sanitaire une simple parenthèse : Il faut bien avoir conscience qu’une partie de ce que nous appelons de nos voeux a déjà été réalisé, ou bien les germes existaient de manière suffisamment avancée pour en montrer la viabilité. Une partie de la méthodologie revient donc à abroger 40 ans de contre-réformes libérales, à commencer par l’introduction du paritarisme dans la gestion de la Sécu, et à reprendre la dynamique de transformation sociale initiée par le programme du Conseil national de la Résistance. Ce n’est certes pas une mince affaire, mais le degré d’intolérance qu’elles ont su développer au sein de la population et la pandémie Covid 19 rendent aujourd’hui l’impulsion nécessaire bien moins compliquée à donner.
Ainsi, un autre système de santé est possible : démocratisé, socialisé, accessible à toutes et tous ; c’est juste une question de volonté politique et qu’on abroge les privilèges des 1% les plus riches…
Pour retrouver un historique de la sécurité sociale solidaires.org/Un-bref-historiquede... et plus largement à commander et à lire le numéro 12 des Utopique Pour une protection sociale du XXIe siècle : lesutopiques.org/category/n